Salut, toi. Oui toi, toi qui me lis. Là, tu te demandes qui te parle. Est-ce un de mes narrateurs, sur le point de t’emmener dans une aventure excitante, à travers un univers fantastique? Non, non. Pas de dragons ni d’arbre meurtrier, de fée chantante ou de nuage ronfleur. C’est juste moi, Scalarius. Pas de narrateurs entre nous, on a passé cette étape je crois. Attends ne t’en vas pas. Je ne te mentirai pas en te disant que je vais te parler de quelque chose de plaisant. Ce n’est pas le cas. En fait, au moment où je pianote sur les touches qui produisent ce texte, je suis effrayé. Je me suis dit que peut-être quelque part quelqu’un serait intéressé par ce que j’avais à raconter, sans que j’ai besoin d’emprunter un narrateur, ou sous le couvert d’un récit fantastique. Juste moi et des idées conflictuelles sur la matrix qui nous abrite.
J’ai suivi un documentaire sur Netflix; “Derrière nos écrans de fumée” et bien que je le trouve super bien réalisé, il ne m’a rien apporté de nouveau, rien appris que j’ignorais jusqu’alors. Il n’a fait que me faire remarquer une situation que je vivais depuis toujours. Comme si un homme m’avait interpellé dans la rue en me tapotant l’épaule puis avait pointé du doigt les menottes attachées à mes chevilles et qui sont à l’origine de ma démarche chancelante. Maintenant qu’elles sont portées à mon attention, elles ne quittent plus mon esprit. Comment m’en débarrasser ? Qu’est-ce que ça fait de pouvoir marcher vite, courir, gambader dans l’herbe sans obstacle accroché à ses pieds? Je veux savoir. L’idée ne me quitte plus. Mais ces entraves j’ai tellement vécu avec qu’elles font partie de moi. Je les nettoie chaque matin au réveil. Tous mes proches en ont et c’est en tapant nos entraves les unes contre les autres, que nous produisons une merveilleuse mélodie qui nous rapproche, et nous fait nous sentir compris. Pourrais-je vivre sans ?
Assez les métaphores foireuses et les faux semblants. Disons les choses comme elles sont. Nous sommes pris dans une machine à faire du fric, qui en échange d’un peu de divertissement, nous expose à un flot incessant de publicités et de suggestions. Où est le mal me suis-je dit? Je regarde des vidéos si j’en ai envie; je dépense l’argent que j’ai durement gagné quand bon me semble. Mais d’un autre côté j’ai horreur de me sentir contrôlé. L’idée même que quelqu’un de plus intelligent que moi, après avoir simplement créer un algorithme, est actuellement couché dans son salon et décide que le prochain canapé que je prendrai sera chez conforama, tout ça parce que j’ai décidé de regarder un skit hilarant sur youtube, me donne envie de… Je ne sais pas ce que ça me donne envie de faire. Je pourrais dire de hurler; de me foutre en l’air. Mais en réalité mon subconscient l’a déjà accepté depuis fort longtemps, et à mon insu qui plus est. La notion même d’influenceur me répugne tellement, et pourtant qu’est-ce que je ne donnerais pas pour pouvoir partager mes idées, mes textes. Avoir une foule de personnes en ligne que mes écrits fascinent. Les faire rire, pleurer, sauter de joie, puis glisser un placement de produit sur ma routine skin-care, ou sur comment j’ai ces abdos de rêve (oui ce n’est plus une tablette de chocolat c’est du béton moulé). Tout ce système me dégoûte, mais le pire c’est la sensation qu’on ne peut y échapper.
Tu te dis “si ça le gêne tant que ça alors qu’il coupe ses réseaux, y en a bien qui le font”. Je pourrais. Mais pendant que je suivais ce documentaire dont je t’ai parlé il y a quelques instants, une idée m’est venue. En quoi sont-ils différents des autres? Youtube essaie de me faire acheter cette bouteille Air-up depuis des mois, et je pourrais finir par céder parce que bon Dieu que je suis curieux du goût que ça a. Mais si je quittais les réseaux, j’aurais été similairement influencé par ce documentaire, par ces personnes qui partagent leurs idées. Bien sûr elles n’essaient pas de me vendre quelque chose, mais elles abordent l’idée que tous les jours internet influe sur les courants de pensée de millions de gens dans la population. PENSEZ PAR VOUS-MÊME! qu’elles disent, en me poussant à penser comme elles.
J’avais prévu d’écrire ce beau texte inspirant qui illustrerait ma pensée, mais finalement ce n’est qu’un récit parmi tant d’autres dont le seul exploit est de réussir à se contredire brillamment.

Les écrits devraient avoir une chute n’est-ce pas? Une leçon, un message, un but. Quel est le but de celui-ci? Donner mon avis éclairé sur la question? Non. Je suis aussi dans le noir que vous ignorez certainement que vous êtes. Est-ce un appel à l’aide? Bon Dieu NON! La dernière chose que je veux, c’est que quelqu’un me donne la réponse, SA réponse et que mon esprit la trouve assez convaincante, que mon subconscient sans me consulter l’adopte comme nouvelle réalité. Je pourrais vous dire: quittez les réseaux, prenez une pause et redécouvrez la vie, mais comment je vous ferais lire mes articles alors? J’ai besoin que vous soyez sur votre écran pour que la notification de mon blog ne passe inaperçue. Nous sommes des deux côtés du problème; si même un problème cela est. Et si ces écrits ont suscité la moindre réaction chez vous, la moindre envie d’aller dans mon sens, si sens il y a à tout ça, ou de me contredire, sachez que vous avez été INFLUENCÉ. Je n’aimerais pas ça si j’étais vous.
….Akuna matata
Mais quelle phrase magnifique… quel son fantastique
Ça me fait bander… je vous le dit…